Amour. Avoir une vie sexuelle épanouie est une des conditions pour réussir sa vie de couple. Comment retrouver un nouveau souffle dans sa sexualité conjugale ? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe et l’amour…
La sexualité des Français est un grand paradoxe. À l’heure du sexe enfin libéré, du « tout est possible, quand je veux, comme je veux » grâce aux avancées techniques, et aux possibilités nouvelles données par la contraception, le bilan statistique de la satisfaction sexuelle des Français dresse un constat qui fait réfléchir : routine, ennui, perte de désir, quête de partenaires multiples, recherche de techniques sophistiquées, etc. Rien n’y fait, alors que le souhait majoritaire reste de construire un couple qui procure l’harmonie sexuelle, avec le même partenaire, choisi et aimé pour la vie.
Qualité de l’amour
On pressent bien que la clé de l’harmonie sexuelle n’est pas une question de quantité mais de qualité. Qualité de quoi ? Mais qualité relationnelle ! Qualité de l’amour qui unit un homme et une femme, dans leur façon de communiquer, de se parler, de se faire plaisir. C’est tout le « lien conjugal » qui est en cause dans la relation sexuelle. L’amour des époux s’exprime de différentes façons, et par l’union sexuelle : c’est pourquoi, lorsqu’on est en colère, ou qu’on a
de l’amertume contre l’autre, on éprouve une réelle difficulté à échanger des gestes de tendresse, à avoir du désir. La femme, plus particulièrement (mais l’homme aussi), a besoin de se sentir écoutée, valorisée, pour se donner à celui qu’elle aime. Ce qu’elle recherche dans la relation sexuelle, c’est l’union des cœurs. Et ce n’est pas nécessairement atteindre l’orgasme simultané qui signe l’harmonie sexuelle dans un couple, ni le nombre de relations sexuelles dans le mois !
La société et les médias valorisent une sexualité fondée en priorité sur l’épanouissement personnel, avec la recherche du plaisir maximum. Mais lorsqu’on interroge les couples, on s’aperçoit que ce n’est pas la « bonne voie ». Après quelques années de vie commune, nombreux sont ceux qui se plaignent d’une sexualité très pauvre (voire inexistante) ou très routinière, qui se réduit à un schéma répétitif : « excitation, pénétration, éjaculation. » Mais l’orgasme n’est pas un must ! De plus, il n’est pas toujours vécu par les deux partenaires ou alors, il peut laisser sur sa faim.
Que disent les couples qui durent ? D’abord, ils partagent avoir mis la sexualité à sa juste place : un des nombreux moyens (mais pas le seul) de s’exprimer son amour, avec tout le soin
que cela demande de veiller à la qualité de la relation. Aucun acte sexuel n’est « raté » si l’on s’est échangé son amour ! Ces couples vivent une sexualité moins compulsive et aussi, plus proche de la nature. Cela leur convient mieux. De plus en plus souvent, et généralement à l’initiative de la femme, pour raisons de santé ou à cause du « ras-le-bol » de la pilule (ou du stérilet), ils font le choix d’une sexualité qui respecte le cycle féminin naturel. Libérée des hormones, la femme retrouve sa fertilité naturelle. Elle dit se sentir « plus femme », plus désirable, plus proche de ses sensations intimes : « J’aime ressentir dans mon corps cette alternance de périodes fertiles (avant l’ovulation), dans lesquelles je me sens plus fortement attirée par mon mari, et ces périodes plus calmes qui suivent l’ovulation. Nous choisissons d’avoir nos relations sexuelles pendant la période infertile de mon cycle, qui permet de s’unir, sans risquer de mettre en route une nouvelle vie », partageait Anne. L’homme, lui, se sent aussi valorisé par la confiance que lui fait sa femme, dégagé de la quête de performance : il apprend à développer les autres volets de la relation conjugale, à se faire proche de ses émotions et à les partager.
Évidemment, cette façon de vivre sa sexualité doit être voulue et décidée en couple, car elle suppose la mise en place, dans le mois, de périodes dites d’abstinence, c’est-à-dire où le couple renonce à avoir des relations sexuelles, parce qu’il estime raisonnablement qu’il ne convient pas, dans les circonstances présentes, de mettre en route une nouvelle vie. Il faut apprendre, à deux, à « lire » les signes de fécondité du couple, parfois en se faisant aider au début, lorsqu’on n’a jamais pratiqué cette sexualité naturelle. Il ne s’agit surtout pas de faire n’importe quoi, dans une insouciance irresponsable. En effet, une union sexuelle en période fertile peut déboucher sur une vie nouvelle !
Plus de désir
Cela dit, les couples qui vivent cette alternance de périodes d’unions et de non-unions témoignent que les périodes d’attente suscitent plus de désir de se retrouver, que le plaisir de la relation en est plus intense, qu’ils deviennent ingénieux à soigner leur relation de couple de mille autres façons, souvent bien plus enrichissantes pour eux. La sexualité n’est qu’une des facettes de la relation conjugale : à y donner trop d’importance, on lui fait porter des attentes qu’elle ne peut satisfaire…
L’amour en liberté
Bien sûr, la maîtrise de soi est nécessaire pour vivre cette alternance de période d’unions et de non-unions, elle est même exigeante, parfois douloureuse, mais elle est source de joie et de bonheur.
Le don de soi à l’autre est plus plénier : il respecte totalement la vérité du corps de chacun et la façon dont il est fait. L’amour est vécu sans artifice, sans chimie : on choisit ensemble ce qu’on veut. La liberté de chacun est sollicitée pour être plus centré sur l’autre que sur soi. Donc, l’amour grandit ! Même les gestes de tendresse érotique trouvent une nouvelle expression, une nouvelle attention, dans le respect mutuel et le dialogue. Chacun reste gardien du désir de l’autre, sans le pousser trop loin lorsqu’on ne souhaite pas s’unir, par contre en le stimulant de façon adéquate lorsqu’on décide de s’unir. L’harmonie sexuelle entre un homme et une femme se construit : elle réclame du temps, de la persévérance, beaucoup d’amour et d’attention à l’autre. C’est comme un feu : si on ne l’alimente pas, il dépérit et s’éteint de lui-même : dommage !
Pour aller plus loin :
Cabinet mots croisés 01 45 44 90 64
Se passer de la pilule, c'est possible ! , Bénédicte Lucereau, Ed. de l'Emmanuel
Pour une libération sexuelle véritable, Thérèse Jacob-Hargot, Ed. François-Xavier de Guibert