« La vertu qui fait que l’on est aimé est la vertu d’humilité », disait saint Antonin, proche de Fra Angelico. Cette vérité ne devrait, idéalement, jamais quitter l’esprit des époux. Surtout en ce qui concerne les inévitables erreurs, déceptions ou ratés de leurs relations sexuelles.
L’heure de vérité sur mon degré d’humilité, c’est quand je suis humilié(e). Il est pratiquement inévitable de traverser un jour ou l’autre cet état au cours des relations sexuelles. Et c’est en partie ce qui les rend si délicates. Chacun y est à nu, au sens propre comme au figuré, et chacun y prend de nombreux risques. Peut-être principalement, le risque de décevoir, ou d’être déçu. Quelle est alors ma réaction ? Est-ce que j’accepte à ce moment précis d’être vrai(e), et donc humble ?
Humilité bienfaisante
Quand ça ne marche pas, ai-je l’humilité de ne pas prendre toute la responsabilité sur moi ? Ou de ne pas la mettre entièrement sur les épaules de l’autre ? L’orgueil se glisse aussi bien dans le dénigrement de soi que dans l’accusation de l’autre.
Quand je prends conscience d’une réaction injuste, d’une résistance à me donner, ai-je l’humilité de la reconnaître ? Il n’y a rien de tel pour établir un climat de compréhension qui peut tout aplanir. Et on ne résiste plus alors à quelqu’un qui continue de nous aimer, même quand il a vu notre faiblesse.
Quand je m’agace d’une maladresse, ai-je l’humilité d’admettre que je n’ai rien fait pour aider à l’éviter ? Ou celle de reconnaître que je n’étais pas obligé de montrer un si fort agacement ?
À l’écoute de l’autre
Ai-je l’humilité de dire à l’autre l’état de mon désir ? Qu’il soit fort ou faible, pour qu’il (ou elle) puisse s’adapter sans se tromper.
Ai-je l’humilité d’entendre une demande ou une correction, sans la prendre pour un reproche ou une attaque, mais comme une main tendue ?
Oui, les relations sexuelles peuvent être un véritable terrain d’exercice spirituel, un chemin de sainteté, parce que s’y jouent toutes les exigences de l’amour « qui ne se vante pas, et ne se gonfle pas d’orgueil » (1 Co 13, 1-13). L’humilité vraie permet le pardon, et donc le retour à la douceur dans l’exercice de la sexualité.