C’est à l’Eglise que ces deux termes ont été associés par le Pape Jean XXIII dans sa lettre encyclique de 1961 : l’Eglise est à la fois Mère et Educatrice. On cite aussi souvent le mot de Paul VI aux Nations Unies en 1965 : l’Eglise est experte en humanité. L’Eglise, au-delà des modes et des controverses, est dépositaire d’une Parole à transmettre à l’humanité, d’une Bonne Nouvelle à nulle autre comparable. Il serait vain de le rappeler si l’on refusait d’en tirer les conséquences pratiques : l’Eglise a quelque chose à dire jusque dans des domaines aussi sensibles que ceux de la sexualité ou de la politique par exemple.

Le discrédit injuste que l’on jette trop souvent sur ce message ne doit pas empêcher les chrétiens de reconnaître avec lucidité que leur attitude n’est pas toujours irréprochable. Ils doivent, disait le bienheureux Jean-Paul II, savoir se mettre humblement en présence du Seigneur pour s'interroger sur les responsabilités qu'ils ont, eux aussi, dans les maux de notre temps. (Lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente, 36, 1994). Ce n’est pas le tout de témoigner de la vérité, si cela doit se faire au détriment de la plus élémentaire charité fraternelle : plus la question est sensible, plus la délicatesse devrait être de mise.

Pour autant, peut-on encore aujourd’hui poser un jugement moral sur l’homosexualité ? D’une part, il est fort difficile de trouver les mots justes, le bon ton pour aborder ces questions si sensibles ; de réussir à blesser les consciences sans blesser les personnes. D’autre part, il semble bien qu’une partie de la difficulté vienne du fait qu’on choisisse souvent aujourd’hui de se placer au-delà du bien et du mal, de refuser toute réflexion ou tout jugement de valeur sur le sujet. Avant même de parler d’un mariage homosexuel, il conviendrait de rappeler un certain nombre de principes sans lesquels il est impossible d’établir un véritable dialogue. S’il n’y a que des opinions et que la valeur suprême est la tolérance, si la liberté est conçue comme un absolu totalement déconnecté de la vérité, s’il n’existe que des individus juxtaposés, alors à quoi bon discuter ?

Mais s’il existe un ordre dans la nature, si le bien de l’homme est ce qui l’aide à atteindre sa fin ultime, s’il y a une communauté de destin dans l’humanité, s’il y a un projet de Dieu sur elle, alors le mystère de l’homosexualité s’éclaire un peu. Mystère car il paraît bien difficile d’en discerner l’origine et d’en comprendre toutes les sources ; les sciences restent balbutiantes lorsqu’il s’agit d’en expliquer la genèse. Mystère, car liée bien souvent à celui de la souffrance. Le côté provocateur et bling-bling des gaypride ou autres marches des fiertés a bien du mal à masquer les malaises liés à l’homosexualité. Malaise, car on ne peut plus utiliser la définition qui prévalait jusqu’à ce qu’on ne veuille plus l’entendre : « Trouble psychologique de l’identité sexuelle. » Trouble, malaise, blessure, angoisse… autant de manifestations de la souffrance, qui demande que l’on s’approche avec délicatesse de celui qui y est plongé. Le malaise gagne aussi l’entourage, qui sait rarement s’approcher de celui qui souffre. On le constate dans les réactions mal ajustées : silences, mots maladroits, attitudes d’incompréhension voire de rejet.

Or il semblerait que le monde ait choisi aujourd’hui d’accuser la société tout entière d’être la cause de ce mal-être. Ainsi, l’incitation à l’out-coming ou encore la dénonciation incessante de l’homophobie, comme étant la source de tous les maux, empêche en fait souvent de se pencher sur les blessures du cœur de l’homme, compliqué et malade, nous dit déjà l’Ecriture, pour pouvoir les panser. Officialiser ce désordre intérieur, comme en permettant cette mesure symbolique d’un mariage homosexuel par exemple, c’est fatalement peser sur la conception de la famille, vouloir la redéfinir en fonction des désirs individuels et en définitive nourrir le désordre extérieur actuel, ce dont la société se passerait bien. En fait, peu d’homosexuels sont sensibles à la revendication d’un mariage homo, à l’heure où les hétéros n’y croient plus ; guère plus ne se reconnaissent en fait dans les défilés excentriques devenus à la mode (celui qui défile en string, plumes et paillettes, songe-t-il vraiment à s’occuper d’un enfant ?).

Combien est-il nécessaire aujourd’hui de chasser tout sourire ou rictus à propos de l’enseignement constant de l’Eglise sur ce sujet ! Les tentatives de différents groupes de pression, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Eglise, pour banaliser les comportements homosexuels, entretiennent la confusion et relèvent de la manipulation. Une des tactiques consiste à assimiler toute critique ou réserve sur le style de vie des personnes homosexuelles à une forme de discrimination. La lettre du Cardinal Ratzinger, adressée aux évêques en 1986, n’a rien perdu de sa justesse et de son actualité : « L’Eglise maintient fermement sa position claire, qui ne peut être modifiée sous la pression de la législation civile ou de la mode du moment. (…) Elle est consciente que l'opinion selon laquelle l'homosexualité serait équivalente à l'expression sexuelle de l'amour conjugal ou aussi acceptable qu'elle, a un impact direct sur la conception que la société a de la nature et des droits de la famille, et met ceux-ci sérieusement en danger. »

La position de l’Eglise catholique est fondée sur la raison illuminée par la foi. Il n’y a rien d’original à rappeler que l’homosexualité est pour elle une déformation de l’usage de la sexualité, dans la ligne de la Révélation biblique, comme pour toutes les grandes religions, et aussi, faut-il le souligner, pour le sens commun. La taxer d’homophobe a peu de sens, tant ce terme récent n’a été forgé que comme un outil de culpabilisation pour ceux qui refuseraient d’aller dans le sens de l’histoire en n’approuvant pas ces pratiques. Certains, recherchant dans la Bible l’approbation tacite de l’homosexualité, voient en Abel le premier homosexuel de l’histoire… Mais est-il nécessaire de rentrer dans ce débat, tant il est impossible d’avoir de doute sur le jugement moral exprimé à propos des relations homosexuelles (cf Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10)?

L’Eglise cherche à demeurer attentive et accueillante aux personnes : elle reprend la distinction faite communément entre les tendances et les actes homosexuels (Catéchisme de l’Eglise Catholique 2357-2359). On ne peut pas enfermer une personne dans ses tendances, encore moins la définir à partir de celles-ci. Elle ne se réduit jamais à ses désirs ou inclinations, même les plus profondes : l’homosexualité ne constitue en aucune manière une identité.

Ces tendances homosexuelles, si contraires à la différence sexuelle et à la complémentarité nécessaire à l’amour conjugal, sont objectivement mauvaises. Ce qui ne constitue en rien un jugement sur la personne. Celui qui les découvre en lui, sans pouvoir ni les expliquer, ni les éliminer totalement, est appelé, comme chacun d’entre nous, à vivre la chasteté selon son état, c’est-à-dire en l’occurrence à s’abstenir des actes homosexuels, « intrinsèquement désordonnés ». La chasteté est cette vertu du don de soi dans les manifestations de l’affectivité qui vaut pour toutes personnes, pas seulement les homosexuelles. C’est seulement à l’intérieur de la relation conjugale que l’acte sexuel est « ordonné », moralement bon. En-dehors, on peut parler d’acte mensonger. A fortiori entre personnes de même sexe. Ces tendances sont pour la personne homosexuelle comme une « écharde dans sa chair », selon l’expression de saint Paul. L’esprit est prompt, mais la chair est faible. Le combat est rude, difficile, mais il n’est pas impossible. Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces. Son amour indéfectible nous rappelle que l’expérience renouvelée de la miséricorde et du pardon entretient l’espérance. Ces personnes doivent être accueillies avec « respect, compassion et délicatesse. »

Il n’en va pas de même pour une certaine homosexualité militante, qui est de l’ordre du péché contre l’Esprit Saint. Si Jésus le dit irrémissible, c’est que celui qui le commet refuse de le reconnaître comme un péché : préférant appeler le bien mal et le mal bien, il cherche à se justifier. De la même manière, celui qui « initie » à ces pratiques est semblable à celui qui scandalise un plus petit dans l’Evangile, et sa responsabilité est grande.

Il y a déjà quelques temps que les pratiques homosexuelles tendent à être présentées comme équivalentes aux relations entre homme et femme, par exemple dans les manuels de SVT. Cet acharnement à banaliser l’homosexualité est une atteinte profonde à la beauté de l’amour humain. Si les personnes homosexuelles sont souvent sincères, on ne pourra jamais parler de mariage homosexuel. Les réactions aveugles, parfois violentes, du lobby gay traduisent autant une sorte d’auto-justification qu’un rejet des repères éthiques. En définitive cet acharnement contre une société dite hétérosexiste et homophobe, c’est peut-être la volonté affichée de faire disparaître toute trace de ses racines judéo-chrétiennes. Si la sexualité est cette richesse qui caractérise toute la personne humaine, cette capacité de don de soi qui tient de la ressemblance avec Dieu, alors toute altération de son usage est une atteinte envers Dieu qui en est l’auteur.

Article publié sur le site de l'Observatoire Sociopolitique du diocèse de Fréjus Toulon

 

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