Le concept d’homosexualité, inventé au XIXe siècle, ne se trouve pas dans la Bible. Plusieurs textes bibliques parlent en revanche des comportements caractéristiques de l’homosexualité.
Quels sont les principaux textes de l’Ancien Testament qui se référent à une relation homosexuelle ?
Deux lois du livre du Lévitique. L’une énonce l’interdit : “Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination” (Lv 18,22). L’autre précise la peine encourue “ils devront mourir, leur sang retombera sur eux” (Lv 20, 13). Outre l’incompatibilité avec la sainteté de Dieu, la condamnation trouve sa raison dans le désir de préserver l’intégrité de la famille (les versets avoisinants traitent des relations familiales). La condamnation à mort n’a pas ici vocation à être mise à exécution. Israël cherche à se protéger des péchés “cachés”, dont les conséquences pourraient affecter tout le peuple. Le livre du Deutéronome décrit ce qui doit être fait face à un crime dont on ignore le coupable afin d’éviter que la faute ne retombe sur le peuple (Dt 21,1-9). La peine de mort a pour fonction de favoriser la prise de conscience de la gravité d’un péché, normalement secret, afin de conduire au repentir et la confession de la faute. La peine est alors commuée (cf. 1 Sm 14,45).
On pense aussi à Sodome et Gomorrhe...
Le récit de la destruction de Sodome et Gomorrhe (Gn 19,1-11) est d’un usage délicat pour évoquer l’homosexualité. En effet, si le nom de Sodome passera à la postérité pour désigner l’acte homosexuel, la faute de cette ville réside avant tout dans la violation de la loi de l’hospitalité. Toutefois, ce récit indique clairement que le caractère homosexuel du viol est une circonstance aggravante.
Et David et Jonathan ?
Quelques expressions ambiguës pour nos esprits modernes dans l’histoire de Jonathan et David (1 Sm 18-20) conduisent certains à voir dans l’amitié entre ces deux hommes une relation homosexuelle. La prise en compte du contexte, de la manière d’écrire de l’époque et de la stratégie littéraire de l’auteur des livres de Samuel démontre qu’il n’en est rien. Cette amitié entre les deux hommes a avant tout un sens politique. David prend la place de Jonathan comme successeur de Saül. Par ailleurs, n’oublions pas que David est et reste marié avec la sœur de Jonathan, Mikal (1 Sm 18,20). Enfin, une amitié masculine n’est pas nécessairement synonyme d’homosexualité !
Qu’en est-il chez saint Paul ?
Il assume l’héritage de l’Ancien Testament. Il présente les actes homosexuels, masculins ou féminins, comme la conséquence de la perte du sens de Dieu (cf. Rm 1,18-32). L’union de l’homme et de la femme étant inscrite dans la création par le Créateur, ne pas savoir le reconnaître conduit à pervertir la relation qui est au cœur même du projet divin (cf. Rm 1,26-27).
La relation entre personne du même sexe est appelée “contre nature” car elle s’oppose directement à la volonté divine exprimée dans le récit de la création. L’enracinement dans la création donne à l’enseignement de l’écriture une valeur universelle et définitive. Il n’est pas susceptible d’être réformé en fonction de l’évolution de la société car il n’est pas le fruit de contingences historiques obsolètes. Paul formule cet interdit dans deux listes de vices (1 Corinthiens 6,9 et 1 Tm 1,10), en désignant de manière très concrète par des termes techniques le partenaire actif et passif d’un acte homosexuel. Cependant, n’oublions pas que l’Apôtre a personnellement fait l’expérience de l’amour miséricordieux manifesté par le Christ. Il sait que par la puissance de l’Esprit, l’homme peut se convertir et changer de comportement. Libéré par le Christ de son péché, il annonce à son tour cette libération : “Laissez-vous réconcilier avec Dieu” (2 Corinthiens 5, 21).
Forte de ces textes bibliques, que dit l’église aujourd’hui ?
L’église a repris à son compte cet enseignement. Elle reconnaît avant tout la dignité personnelle de toute personne quelle que soit son orientation sexuelle. Elle continue à affirmer que les actes homosexuels sont gravement contrai-res au plan de Dieu sur l’amour humain, car non ouverts à la génération et ne procédant pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable (CEC, n° 2357). Elle reconnaît aussi que cette orientation sexuelle est une épreuve pour beaucoup. La condition homosexuelle est le plus souvent subie et non choisie. Elle invite donc à la plus grande délicatesse et respect à l’égard de ces personnes, invitant clairement à éviter toute marque de discrimination injuste (CEC, n° 2358). De nombreux témoignages attestent qu’il est possible de vivre la joie de la chasteté, ceci malgré une tendance réelle, grâce à l’apprentissage de la maîtrise de soi, soutenu par des amitiés désintéressées, la vie de prière et la fréquentation régulière des sacrements.
Le chemin de Julien Green, accompagné par l’amitié de Jacques et Raïssa Maritain, en témoigne.
Article écrit pour Il est vivant ! 28 février 2007, également disponible sur le site internet www.ilestvivant.com